mardi 23 juin 2009

Pérou, Paris : solidarité !



Samedi 20 juin se tenait à Paris, comme à beaucoup d'autres endroits, un rassemblement de soutien avec le peuple péruvien. Vous trouverez le communiqué de nos relations relations internationales à la fin de ce message. S'il apparait que la lutte des indiens a fait reculer le gouvernement sur certains points, ce combat reste d'actualité. En effet, il faudra la plus grande vigilance à nos camarades péruviens pour aller encore plus loin et pour défendre ce qu'ils ont obtenu.
Il était important pour nous d'être présents à ce rassemblement afin de signifier clairement nos solidarité, mais aussi pour rappeler sur quelles bases politiques nous considérons que cette lutte mérite un soutien réel. Il était important pour eux de savoir qu'ils ne sont pas seuls, et que des soutiens existent, un peu partout.



Cependant, plusieurs remarques : il est toujours impressionnant de voir la collection sans fin de signataires lors de ce genre de soutien collectif. Des listes et des listes de sigles, mais au final, à peine une ou deux personnes par organisation. Ce n'est pas ainsi que nous considérons qu'une participation à une lutte se fait. Nous avons toujours privilégié la mobilisation et la présence plutôt que des signatures en bas de tracts. Visiblement, nous sommes une exception.
Encore plus étonnant, la présence de la secte "Parti Humaniste", signataire du tract collectif. Ainsi, après la tentative pitoyable de l'extrême droite parisienne de récupérer cette lutte, c'est au tour de l'extrême droite sectaire qui avance masquée derrière un discours "humaniste" de venir tenter de récupérer de futures ouailles. Il a donc été nécessaire de faire un peu le ménage, et il a été assez comique de voir nos gourous apeurés aller se plaindre à la police (alors qu'ils sont classés comme mouvement sectaire par le ministère de l'Intérieur, comme quoi, les cons, ça ose tout ...). Quoi qu'il en soit, nous ne laisserons jamais le terrain à ce genre de personnes. (plus d'infos sur ces gugusses ici et ).

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« Tierra y Libertad »
pour tous les peuples du monde !
Solidarité avec les communautés péruviennes en lutte


Pérou, vendredi 5 juin, 5 heures du matin, l'Etat montre son vrai visage : l'armée et la police attaquent par terre et par air, en utilisant des balles réelles. Il en résulte des dizaines de morts, des centaines de blessés. Les « dangereux terroristes » éliminés appartiennent à des peuples autochtones de la région Amazonas qui bloquaient pacifiquement une route près de Bagua au nord du Pérou.
Depuis, la zone est totalement militarisée, des responsables amérindiens sont recherchés par toutes les polices... Il en coûte cher de s'opposer aux intérêts des multinationales, dont l'Etat est le garant... Pourtant Alan García avait été élu en 2006 pour changer le modèle économique néolibéral en place... Ce ne sont pas les anarchistes qui s'étonneront de la trahison des promesses des politiciens, quelle que soit leur couleur.

Cela fait bien longtemps que les territoires amazoniens occupés par les peuples originels font l'objet des convoitises capitalistes. Déjà, au début du vingtième siècle, la « fièvre du caoutchouc » avait conduit aventuriers et hommes d'affaires à torturer et massacrer des communautés indigènes.
Plus récemment, après la signature d'un traité de libre commerce avec les Etats-Unis (TLC), le gouvernement péruvien avait imposé en 2008 des décrets facilitant l'implantation d'entreprises pétrolières, gazières, minières ou liées à l'exploitation forestière ou au tourisme. Depuis, les protestations et manifestations se sont amplifiées au Pérou.
Dernièrement, en mai 2009, à l'occasion de la « 4ème Rencontre continentale des peuples et nationalités indigènes de l'Abya Yala (les Amériques) », les communautés présentes ont « rejeté catégoriquement la privatisation de l'eau, la présence de sociétés multinationales, le modèle économique néo-libéral ».
L'AIDESP, une coordination de 1350 communautés au Pérou a appelé à « l'état d'insurrection » et à faire du 11 juin une journée de mobilisation populaire pour « l'abrogation des décrets encourageant les entreprises étrangères à investir dans les zones habitées par les autochtones. » C'était le 4 juin, et le 5 juin...
La Fédération Anarchiste se joint aux nombreuses organisations anarchistes d'Amérique latine et d'ailleurs pour exiger l'abrogation des décrets et l'arrêt de la campagne de criminalisation de ceux qui la réclament.

Les prédateurs qui se pressent en Amazonie ont des noms : Parenco (Franco-britannique), Petrofilera (Canada), Petrobras (Brésil), Pluspetrol (Argentine), BPZ Energy (USA), Repsol (Espagne)... Nous appelons à ne pas les laisser dans l'ombre !
La Fédération Anarchiste est bien consciente qu'au delà des intérêts directs de ces exploiteurs, les Etats protègent le désordre économique mondial. En effet, depuis quelques années, les révoltes amérindiennes prennent de l'ampleur, se coordonnent, communiquent avec les autres peuples originels, mais aussi avec ceux qui s'opposent au capitalisme. Les luttes se multiplient, les pratiques d'autonomie se développent dans tous les domaines (communication, éducation, santé, sécurité, justice...). Parmi les plus connues, rappelons celles des communautés zapatistes (1994), des communautés paysannes d'Atenco contre la construction d'un aéroport (2002), la Commune d'Oaxaca (2006). A chaque fois l'Etat produit la seule réponse qu'il connaisse, la répression ! C'est que les pratiques basées sur les « us et coutumes » amérindiens de démocratie directe non seulement se développent, mais intéressent au delà des peuples originels. Elles rejoignent certaines propositions anarchistes : autonomie vis à vis de l'Etat et des partis politiques, décisions collectives, fédéralisme...
En ce sens la Fédération Anarchiste se reconnaît dans les analyses produites lors de la rencontre d'octobre 2007 réunissant plus de soixante communautés amérindiennes des deux Amériques à Vicam (Mexique) : « Le capitalisme nous a amené la propriété privée, l'injustice, la violence et la tyrannie, les ravages d'une extermination sanglante par la croix et l'épée. Pour nous, peuples originels, le système capitaliste est totalement contraire à nos principes. Cette guerre capitaliste nous affecte tous, tous les pauvres, pas seulement les indiens. Ce monde n'aura aucune chance de continuer à exister si ce sont ceux d'en haut qui gagnent cette guerre ».

La lutte des peuples autochtones, au Pérou et ailleurs, s'inscrit dans un projet global de révolution sociale. Avec nos compagnes et compagnons magonistes de la révolution mexicaine, avec nos compagnons cénétistes de la révolution espagnole :
« Tierra y Libertad » pour tous les peuples du monde!


Secrétariat aux Relations Internationales
Fédération Anarchiste (France)

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